Le crankbait est l'un des leurres les plus utilisés au monde. Comme son nom l'indique, c'est un leurre qui se "crank", c'est à dire qui se tracte à la manivelle (par opposition -simpliste- aux leurres qui s'animent avec la canne). C'est d'ailleurs en partie pour cette raison qu'il est populaire et très répendu : son utilisation de base est très simple : le lancé-ramené.   

     Le crankbait est, avec le spinnerbait et le lipless (ou vibration), l'un des leurres de powerfishing (pêche de prospection rapide pour décaler les poissons actifs)  les plus courants, les plus adaptés, et par conséquent les plus utilisés. De plus ce leurre décale toutes les espèces de carnassiers, du bass au silure en passant par le sandre et la truite (même les barbeaux et chevesnes répondent très bien!).    

     Cela dit, le crankbait est une technique  à part entière, et des compétitions parmi les plus prestigieuses se gagnent régulièrement en pêchant crankbait. Certains compétiteurs américains comme Kevin VanDam, Paul Elias ou Rick Clunn sont d'ailleurs passés maîtres dans la maîtrise de ce leurre. C'est dire si les ressorts cachés de cette technique sont  nombreux. Nous parlerons donc de pêcheS auX crankbaitS au pluriel.  

Il conviendra dans cet article de traiter de la question en 3 points (la sainte trinité) :

- Le matériel

- Les différents crankbaits

- Les animations

Enfin, je me permettrai de vous proposer quelques modestes conseils pratiques très simples  à appliquer en fonction des espèces recherchées.

LE MATERIEL

     Il faut d'abord vous poser la question du combo (canne + moulinet). Si vous pêchez souvent powerfishing dans de grands espaces, cela vaut le coup d'investir dans un ensemble spécifique. Sinon, n'importe quelle canne casting pas trop raide de plus de 7' (210cm) et garnie d'un moulinet ratio de 6 fera l'affaire à l'occasion.

- La canne : Dans un premier temps, posez vous la question de la taille et des espèces de poissons que vous recherchez le plus souvent. C'est une vaste question, puisque le crankbait est le leurre multi-espèce par excellence. Les pro US utilisent des cannes de puissance M à H, longues de 7' à 8' pour rechercher des bass de 500grs à 2k500. Si vous choisissez une canne fibre, une 7'6" MH (7-28grs) est polyvalente. Pour une canne carbone, choisissez une action "regular", c'est à dire une canne souple. Pour la perche, une puissance M (5-21grs) est suffisante, pour le broc, une 10-40grs H est préférable. Pourquoi choisir une action parabolique ? Pour que le blank absorbe en partie l'attaque du poisson, et que le crank soit aspiré par le carnassier qui du coup, l'aura en gueule, et non pas sur le coté (piqué  à l'extérieur) comme c'est souvent le cas avec des cannes plus raides (et décrochages plus fréquents). De plus, la canne absorbe les vibrations du leurre, la souplesse de blank donne donc un confort de pêche optimal, si et seulement si le moulinet est de faible ratio. Enfin, la souplesse de la canne permet d'éviter les décroches de grosses perches qui répondent très bien au crank, et qui ont la membrane de la gueule fragilissime. 

- Le moulinet : Certains pêcheurs n'accordent aucune importance  au ratio de leur moulinet, et si les fabricants proposent 3 ratios différents pour un même modèle, il y a comme dirait l'autre une raison suffisante ! Pour la pêche au crankbait, il faut un ratio faible. Même s'il est possible de cranker avec n'importe quel moulinet, il faut avoir testé un moulinet cranking pour comprendre l'intérêt réel du faible ratio. La résistance de la bavette du crank dans l'eau permet au leurre de nager et de plonger, mais cela produit une force qui est absorbée par les mécanismes du moulinet. Ainsi, un moulinet à faible ratio ( 5.5:1 environ) s'apparente à un treuil, et il est possible de tracter un leurre qui brasse beaucoup d'eau sans le sentir en moulinant. Le moulinet souffre donc moins, le pêcheur aussi, et l'animation du crankbait n'est pas trop rapide. Adeptes du crankbait : à essayer.

- Le corps de ligne : il dépend des espèces que vous recherchez et de la canne que vous utilisez. Pour une canne fibre molle, la tresse est un atout : elle compense quelque peu la mollesse du blank, elle permet de bien sentir les touches, même discrètes, ainsi que les obstacles (ca évite de confondre un gobage de bass avec un herbier...), de ferrer les sandres efficacement, et de bien fendre l'eau pour que le crankbait descende au plus bas dans la couche d'eau. Sur une canne plus raide, vous pouvez utiliser un nylon fluoro, de 24 à 30% en fonction de la puissance de la canne (M à H), de la taille de vos cranks, et de l'espèce recherchée. Sur une canne fibre en tresse, les perches s'auto-ferrent le plus souvent, surtout avec les cranks armés d'hameçons fin de fer.

     Shimano Crucial crankbait 7'6" 1/4-3/4 oz fibre hybrid, Shimano Chronarch 201E5 ratio 5.5, tresse Daiwa 16% et        OSP Blitz Max, l'ensemble idéal pour cranker en pleine eau .

En résumé, optez pour une canne casting longue et souple, de puissance moyenne, avec un moulinet au ratio faible garni d'un corps de ligne adapté à votre pêche. Pour ceux qui souhaiteraient acquérir une canne US crankbait (des modèles pour toutes les bourses) voici un lien vers un site fiable qui livre en France  : http://www.tacklewarehouse.com/searchresults.html?search=products&searchtext=crankbait+rod&x=0&y=0

LES DIFFERENTS CRANKBAITS

Je ferai simple. Il existe en gros trois type de cranks :

- Les shallows runner (SR) qui plongent entre 50cm et 1m20 sous la surface lors de la récupération, et que l'on se gardera bien de confondre  avec les "wakebaits" qui eux ne plongent pas du tout. 

- Les medium runner (MR) qui plongent entre 1m20 et 2m50 ; 

- Les deep runners (DR) qui descendent de 2m50 à 4 mètres.

La longueur de la bavette est le premier facteur qui détermine la profondeur de nage.

Attention ! Les leurres baptisés "lipless crankbaits" (ou "vibrations") n'entrent en réalité pas dans la catégorie des crankbaits, leur utilisation relève d'une technique totalement différente. 

Ci-dessus, le Megabass Cyclone en version MR : crankbait peu bruiteur qui déplace beaucoup d'eau sans trop tirer sur la canne grace aux ouïes percées du leurre, grappes de grande qualité et finition d'exception. Modèle copié et recopié par bien des marques (Molix...). 

Bruiteur ou silent ?

D'autre part, certains sont silencieux (ex : b-switcher), d'autres sont légèrement bruiteurs (une seule bille, ex : Smith Depty do ) et beaucoup sont de véritables hochets ou maracas (ex : Lucky craft CB Moonsault). D'une manière générale, et pour faire simple là encore, utilisez des leurres peu bruiteurs en eau calme et n'hésitez pas  à mettre des cranks très bruiteurs par grand vent, ou dans le courant (aval des barrages en rivières...). 

Personnellement je privilégie les modèles avec une seule bille, qui sont très polyvalents. 

Quelques modèles que je vous conseille : 

- Smith Depthy Do

- R2S v-crank

- OSP Blitz

- Jackall Mascle Deep 

- Rapala Dives-to 

- Zip bait B-switcher

Variez les coloris, comme pour les autres types de leurres :  avec du blanc, du fire tiger, du craw et du naturel brillant, vous ferez face à presque toutes les situations. 

LES ANIMATIONS ET TECHNIQUES

Ici aussi, j'irai droit au but en ne traitant que les 2 grandes utilisations pour le crank : 

En pleine eau :

- Cranking entre deux eaux : choisir un modèle dont la profondeur de nage est inférieure à la profondeur du plan d'eau. Ex : par 5m de fond, un MR nagera à 2.5m de la surface et  à 2.5m du fond environ, durant le 2e tiers de la passe. Cette approche est top lorsque des carnassiers chassent sur des bancs de fourrage dans la colonne d'eau. Les coloris les plus réguliers sont alors le naturel ou le fire tiger. 

- Bottom taping : il s'agit, à l'inverse, de choisir un crank dont la profondeur de nage est supérieure à la pronfondeur du plan d'eau. Ainsi, le leurre grattera le fond avec sa bavette, soulevant ainsi un nuage de sédiments très attractif pour les prédateurs. La bavette permet au leurre de contourner les obstacles et de se décentrer, c'est souvent à ce moment qu'à lieu l'attaque d'un poisson suiveur. Le coloris craw, on le comprendra aisément, est très adapté à cette animation. Il est d'ailleurs extrêmement utilisé aux USA par les bassers. Idem pour les coloris de leurres peu visibles, ou qui se détachent peu de la couleur du fond. Le petit nuage de sédiments et/ou le bruit que fait la bavette contre les cailloux suffisent à mettre un poisson en alerte.

- Depuis un bateau, une technique efficace consiste à positionner l'embarcation au large, à lancer en direction du bord et à cranker afin que le leurre suive la pente du fond pour décaler les poissons postés ou en maraude.

Avec ces approches et en restant attentif, vous ne laisserez presque jamais de leurres dans le fond ou les obstacles (mais attention ! il peut toujours y avoir une corde, une nase ou un rouleau de grillage qui traîne au fond d'un plan d'eau !).

Dans les covers : 

Le cranckbait, comme le spinner bait, peut aussi être pitché dans de petites trouées de frondaisons ou de structures, il décalle alors bien les poissons embusqués, mais exige une grand précision de la part du pêcheur pour ne pas pourrir le spot en s'accrochant ! C'est pour cela que beaucoup préfèrent le spinnerbait pour les bordures encombrées. 

Enfin, la pêche au crank dans les bois morts est très efficace mais demande une attention accrue. En effet, il décale bien les poissons embusqués et le choc de la bavette dans les branches crée souvent le "déclic" qui déclenche l'attaque. Pour cette pêche, oubliez les fibres, un bass de 2kg+ bien en forme plie une fibre de puissance Heavy jusqu'au talon lorsqu'il sonde dans 2-3mètres d'eau ! 

* * *  

Quelques conseils pratiques faciles  à appliquer : 

Je ne suis pas un expert du crankbait, même si ce leurre figure parmi la pléiade de ceux avec lesquels je prends le plus de plaisir à faire du poisson. Je ne l'utilise pas assez (en volume horaire) pour prétendre donner des leçons, mais je l'utilise néanmoins régulièrement et surtout depuis très longtemps, c'est à dire depuis le milieu des années 90', et je garde un souvenir ému de mon premier black de 40'up au Fat rap que j'utilisais invariablement pour des raisons pratiques (il se lançait bien sur mon moulinet casting Sama Fishing à 3 roulements de l'époque!). Bref. Au fil de ces années, j'ai décalé de gros bass (=> 50cm), de grosses perches (40'+), quelques jolis sandres (=> 80cm) et gros silures au crankbait.

Conseils pour la perche au crankbait :  

- Ne faites pas de pause lors de la récupération, préférez une récupération linéaire constante.

- Soyez attentif au dernier tiers de la passe, guettez à chaque passe l'arrivée du leurre au bateau (avec des lunettes polarisantes) pour  observer les éventuels suivis ; la touche de perche se fait très souvent lorsque le leurre remonte en fin de passe (technique de chasse des perches orientée vers la surface).

- Changez de coloris, de forme, de taille ou de bruiteur en cas de suivis non concrétisés. 

-N'hésitez pas  à utiliser des cranks de belle taille (5-6cm / pour 10 à 14grs), vous prendrez la plupart du temps les petits poissons comme les plus jolis. Lorsqu'elles sont sur des alevins, préférez un petit jerk ou un petit shad ramené en linéaire. 

De toutes les espèces, c'est probablement la perche qui réagit le mieux au crankbait. Les gros sujets répondent particulièrement bien à cette technique, là où les populations n'ont pas été décimées par les casseurs, bien entendu ! 

Conseils pour la pêche du bass au crankbait :

- Utilisez ce leurre lors de temps venteux, gris, pluvieux, ou tôt le matin. Les poissons sont également très réceptifs à ce type de leurre par fort vent.

- Contrairement à une idée très répendue, il peut aussi être utilisé toute l'année, y compris l'hiver en bottom taping ou au-dessus des restes d'herbiers, il décalle parfois de beaux poissons (il m'est arrivé de faire ainsi une doublette de 40+ en janvier au crank MR).

Conseils pour la pêche du brochet au crankbait :

- Faites des pauses lors de la récupération, la touche a souvent lieu au redémarrage du leurre.

- Utilisez des modèles silencieux (non bruiteurs ou peu bruiteurs) pour sélectionner les plus beaux poissons (surtout par temps calme, ou dans des spots très pêchés).

Je vous accorde que selon moi (et Vince est tout à fait d'accord !) le crankbait n'est pas fait pour faire de gros brochet, il ne décale que les poissons petits et moyens. En revanche, pour se faire plaisir et faire de la touche, ou en compétition, il est efficace sur ces poissons modestes. D'ailleurs, un poisson sur 2 que nous prenons au crank est un brochet aux alentours de 60cm...

Conseils pour la pêche du sandre au crankbait :

- Utilisez des modèles articulés, ils font clairement la différence sur cette espèce !

- Pêchez sur tresse pour bien piquer la mâchoire dure des sandres.

                Ci-dessus, 3 sandres de Saône (79cm, 68cm et 76cm) pris en plein été au crankbait articulé.

Pour les silures...

Ayant laissé de nombreux crankbaits dans la gueule de silures déchainés, notamment en Saône sur les platis en aval de barrages ou les glanes sont tapis en banc, je peux vous dire que ce leurre est particulièrement apprécié des glanes. Ces derniers voyant assez mal, ils sont particulièrement sensibles aux billes bruiteuses et aux fortes vibrations de ce leurre... Attention donc à utiliser du matériel assez lourd et à changer les grappes si vous les cherchez spécifiquement...

En espérant avoir été assez clair...

Et surtout n'hésitez pas à réagir, tout commentaire est le bienvenu ! 

Prochain article technique : Quelques considérations sur les coloris de leurres. 

La pêche au spinnerbait est aujourd'hui bien pratiquée par les pêcheurs français ( inconditionnels de la Mepps à pompon rouge ) . Cependant de trop nombreux pêcheurs n'envisagent le spinnerbait que comme une simple technique de lancer-ramener, digne héritière de la pêche à la cuillère. Cela est réducteur, car le spinnerbait est un des leurres les plus polyvalents qui soient.

Je me rappelle l'été 2009, avec mon frère, nous suivons de quelques dizaines de mètres à peine un bassboat qui pêchait au spinnerbait sur une bordure de Saone. Arrivé au bout, nous discutons un peu, il n'a pas eu la moindre tape, alors que mon frère qui passait après lui "tape" trois brochets maillés dont un de 90cm ... tous pris au spinner !  Il convient donc de parler de pêches au spinnerbait au pluriel, tant il y a de manière d'user de ce leurre.

Le Powerfishing

C'est la pêche la plus pratiquée au spinnerbait, à la recherche de poissons actifs. Une canne de 7'4 ou 7'6 de puissance MH (7-28grs) et d'action reg/fast convient bien, associée à un moulinet à 10 roulements avec un ratio de 6, type Revo SX garni de nylon en 28-30%. Certains préfèrent une canne fibre garnie de tresse.

Les spinnerbaits les plus appropriés pour cette approche de prospection rapide pèsent entre 3/8 et 1/2 oz, avec une seule palette "willow" ou un tandem "colorado-willow". Il ne faut pas qu'ils tirent trop pour pouvoir pêcher vite. Le poids est à choisir en fonction de la profondeur de prospection voulue. Certains modèles plongent moins que d'autres malgré leur poids élevé ( centre de gravité ) . Pour pêcher profond j'utilise avec succès le Jackal Super Erruption en 1/2oz ; pour pêcher plus près de la surface et plus rapidement un Lucky Craft rédemption en 3/8oz sur lequel j'ôte la palette colorado ( photo ci-jointe ). L'hameçon chance est ici nécessaire ( pêche rapide ) et le trailer ne comportera pas d'appendice vibratoire ( slug ou worm ) pour ne pas ralentir la pêche.

Le slow rolling

C'est une pêche lente sur le fond destinée à pêcher les gros poissons calés sur les cassures. Une canne de 7' assez puissante ( H ou XH ) et assez raide est nécessaire, avec un fluoro en 30-35%. La tresse fonctionne bien aussi car elle fend bien l'eau, mais cette technique vise surtout les gros poissons et les combats prolongés sur tresse entrainent souvent des décrochages... Pour cette technique, les spinnerbaits de 1 à 2 oz conviennent bien. Les modèles Damiki Charade sont un must, tout comme les Molix Venator ou Megabass en 1.3Oz. Les trailers allongés avec appendices vibratoires conviennent bien ici ( ribbon tail par exemple ). Ajouter si besoin un hameçon chance. La pêche doit être lente et le spinner doit racler plus ou moins le fond. Technique pour gros brocs ! Ci-dessous, un 111cm et un113cm piqués en slow rolling en plein été :

Le Falling ( ou free falling )

Cette technique est particulièrement efficace en été lorsque les poissons sont embusqués dans les zones d'ombres, à l'affût. Les péniches, frondaisons, troncs d'arbre sont des postes de choix. Pitchez votre spinner comme vous les feriez avec un jig, et controlez sa descente verticale, avant de le ramener lentement jusqu'à la sortie des obstacles. La touche a souvent lieu à la tombée. Pour cette technique, une canne un peu plus courte convient bien ( obstacles hors de l'eau : cordages, branches...) avec un talon court genre "Flipping version". La puissance MH est suffisante mais le corps de ligne doit être solide ( spots assez sales et encombrés) genre fluoro 30-35%. Pour le coup, un moulinet hi-speed est utile, et permet de pêcher rapidement ( sans pour autant ramener rapidement : faire plus de lancers en 1 minute en ramenant plus vite le spinner au bateau une fois qu'il est sorti de la zone d'attaque ). En falling, il faut des modèles de spinnerbaits à une seule, voire deux palettes mais en colorado, afin qu'elles tournent lentement en tombant et maintiennent le spinerbait vertical, en "chute libre" alors que les willow ont tendance à moins bien tourner en falling et le spinner coule plus vite. Je conseille vraiment les modèles Revenge en 1/2 et 3/8oz avec une seule colorado ( photo ). Le trailer n'est pas obligatoire ici, même si un petit shad de 2" convient bien. On peu rajouter à la place d'un trailer une seconde jupe. La grosse palette s'occupe de ralentir la chute du leurre. L'hameçon chance n'est pas toujours nécessaire en free falling, la pêche est déjà lente et les spinners sont engloutis ! Ci-dessous, deux sandres (72cm et 81.5cm) piqués au spinnerbait en falling sur la Saône, et ce, en plein été :

Weed cover

C'est la pêche spinnerbait au milieu des herbiers. Pour le coup la tresse sera nécessaire pour faucarder les nénuphars et autres plantes aquatiques. Une canne fibre puissante sur tresse est plutot adaptée. Vous pouvez essayer tous les modèles de spinnerbaits. Un trailer "frog" dans les nénuphars sera un plus... Ci- dessous, un bass de 51cm bien fat piqué au milieu des nénuphars au spinnerbait :

Pour finir, deux mots sur les coloris. Comme pour tout leurre, chacun sait qu'il faut adapter le coloris à la situation. Par exemple lorsque l'hiver seules les ablettes sont actives et que l'eau est claire, un coloris bleuté sera peut-être une meilleure option qu'un orange fluo. De même, lorsque de nombreux "baby bass" sont actifs un coloris du même ton sera prenant; cela est applicable pour le coloris perche dans les spots riches en perchettes, et pour le "blue gill" là ou les "popones" maraudent sans cesse près des bordures. Enfin , en eau trouble, le blanc, le jaune fluo et le fire tiger sont indétronables.

Pour les palettes , à chacun de se faire une idée. Le doré et l'argentés sont payants, et les couleur ternes sont parfois un plus là où les poissons sont habitués à voir passer des Mepps... Mais n'oublions pas que si certaines constantes sont observables, tout peut toujours marcher en tout temps ! Au final, avec une douzaine de modèles, il est possible de pêcher toutes les espèces, dans plus ou moins toutes les circonstances avec un rendement régulier et honorable.

La spinnerbait est un leurre à tout faire, dès lors que les poissons sont actifs. Ce leurre trouve ses limites dans une eau vraiment très claire ou lors des grands froids hivernaux ( même s'il reste efficace sur les sandre pendant une bonne partie de l'hiver ) . On pense souvent que les poissns éduqués rechignent devant un spinnerbait : en changeant d'approche, de vitesse de récupération, de taille, de coloris, et d'horaires de pêche, vous parviendrez à piquer des gros poissons même sur des spots bien pêchés. Ce n'est pas Vince ( "L'homme aux cent spinners" ) qui démentira, pour vous en convaincre voici ses plus gros poissons pris au spinnerbait dans le domaine publique :

Perche : 49cm

Brochet : 113cm

Bass : 51cm

Sandre : 81.5cm

Silure : 190cm

Ne vous étonnez donc pas si cet été vous croisez un bassboat en Saône avec sur le pont 3 ou 4 cannes montées au spinnerbait....    

A vos spinners !

En automne, les bass sont mordeurs et agressifs. Ils occupent des postes bien définis, et c'est une saison à grosses pièces. De mi-septembre à mi-octobre (parfois jusqu'en novembre), on peut faire des pêches mémorables. Selon moi, c'est de loin la meilleure période de l'année pour pêcher le bass. Fini la finesse estivalle, place à l'action.

Quels postes ?
Lorsque les eaux se refroidissent, les bass se regroupent près des bordures pour se nourrir. Ils réadoptent alors parfois un comportement grégaire. Les postes à privilègier sont les souches noyées (excellent), les barques amarées ou coulées, les pontons effondrés, les racines d'arbes, les éboulis de pavés, de quais, les roselières, et toute structure "antropique" ( tout ce que l'homme a pu mettre à l'eau et qui encombre la berge). Sur les hot-spots de Saône, il n'est pas rare à cette période que chaque poste soit occupé par un gros bass ! Les poissons sont postés plutôt près du fond.

 

Quand pêcher ?
Ce phénomène de regroupement commence généralement en Septembre ou octobre, et peut durer jusqu'à Novembre. C'est la température de l'eau qui semble en être la source. Il faut donc guetter la période en pratiquant régulièrement ( en général, du 15 septembre au 15 octobre). Le début de matinée semble être plus productif que le reste de la journée, mais les touches sont nombreuses toute la journée ! Après, il y a des jours particulièrement bons, d'autres qui le sont moins.

Quelle approche ?
Une approche du bord peut être plus payante qu'une approche en bateau, mais cela dépend du spot. Parfois c'est la prospection du bord qui paye le plus, lorsque les poissons sont dans des repaires scabreux innaccessibles en bateau. Je me rappelle en octobre 2008 sur la Saone avoir fait une jolie pêche du bord ( que des poissons de plus de 40cm) alors que qu'un bass boat a fait "capot" ( c'était Mattias Lothy en l'occurence). L'idéal est d'alterner bord/bateau/float, car certains postes fameux sont innaccessibles en bateau et accessibles du bord, et vice-versa. En Saône, la présence de péniches rendent parfois la prospection en bass-boat fastidieuse.
En fait, dans ce type de pêche, il s'agit de pitcher, de flipper ou de skipper son leurre dans de "micro-postes" : une souche, un creux de la berge, une épave de barque, un pneu dans l'eau, un poupe de péniche, une pointe de roseaux...
Le flipping est alors particulièrement approprié : déposer son leurre au ras de la berge, le laisser 2/3 secondes sur le fond (en guettant tout bouillon suspect), récupérer sechement (quitte à ferrer dans le vide) puis le redéposer 50cm plus loin, et ainsi de suite ...
 
Quel matériel ?
Il est préférable d'utiliser du matériel casting pour cette approche, car les poissons sont embusqués et doivent être extraits en force. Une canne de 6'6" à 7' MH ou H d'action fast est appropriée, mais dans certains postes très peu frayés ou très encombrés, une petite trique de 6' peut être plus pratique ( de plus, les poissons sont calés très près du bord - parfois sous la berge). Un moulinet Hi-speed garni de 28% à 35% est idéal ( le combat est bref, les poissons étant près du bord et dans peu d'eau ils ne sondent pas). Une canne spining et un montage split shot permettent parfois de prospecter de larges bandes de bordures (roseaux, quais...) en finesse et de rapporter des big bass bien éduqués. Pour le flipping, une canne casting "flipping" assez longue est nécessaire, même en bateau ( Major Craft Arrival, Deps Sidewinder, Zenaq Spirado ...).

Quel leurre ?

Cela dépend naturellement de nombreux critères, mais si vous alternez jigs, chatterbaits et spinnerbaits ( parfois même buzzbait) en fonction des postes, vous avez de serieuses chances de réussite. Préférez le Texan et les créatures en dead sticking si l'eau est claire. Toutes les animations sont à essayer. Les poissons étant mordeurs, il vaut mieux prospecter un max' de postes que de "gratter" 20minutes chaque souche, car la plupart du temps, vous tapez le bass au premier passage. Rééssayez néanmoins après une capture, puisqu'ils sont parfois en bancs. Les hameçons forts de fer sont incontournables pour éviter les décrochages dans ce type de pêche.
Niveau coloris, le "watermelon/red flake" est un must, même s'il n'est pas très visible ( les bass sont réceptifs, et à l'affut du moindre mouvement et du moindre bruit ), et le flipping permet une prospection rapide et efficace même avec un leurre peu visible.

   

Gary Yamamoto est un véritable champion de ce type de pêche. Il a d'ailleurs, après une longue réflexion, développé la célèbre "Yamamoto Kreature" pour cette traque des bass sur les pointes en automne, car elle se prête à toutes les animations : ramenée linéairement, en buzzing, entre deux eaux, pitchée, flippée, skippée, en dead sticking sur le fond...  ; et à tous les montages : texas , weightless, trailer, carolina ...

 

On capture également d'autres espèces en pratiquant ce genre de pêche : sandres et perches (parfois brochets) ne sont pas rares. Mais 9 fois sur 10, c'est un bass que l'on ferre.

Bass de 44cm embusqué sous la berge, et débusqué en split shot 3grs avec un Talon 120 R2S en octobre